& les Chroniques
Express
Deserta
"Black Aura My Sun"

"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.

Anna Morley
"Visceral"

"Visceral"
[Ant-Zen]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 29 novembre 2019 | Publié le mercredi 22 janvier 2020
ET ALORS | "Visceral" est le déjà cinquième album de la multi-instrumentiste australienne Anna Morley qui s’est installée à Berlin, et c’est également une sortie complètement inattendue de la part d’un label tel qu’Ant-Zen auquel est confié la distribution de sa version digitale. Et pour cause : tout n’y est que vibraphone, piano, melodica, ukulele, violon et contre-basse ! Reconnaissez tout de même que l’on est à l’opposé des territoires habituels du label allemand puisqu’ici nous sommes en pleine excursion néo-classique, avec un disque à la chaleur rassurante voire carrément bienveillante, sur lequel les instruments semblent tout juste pincés voire caressés. Les compositions libèrent une sensualité que l’on ne rencontre que rarement, pourtant déjà croisée sur les disques de la compositrice Zinovia Arvanitidi. Plutôt qu’à notre cerveau, c’est à nos tripes que parle le bien nommé "Visceral", que l’on trouvera apaisant et gorgé de plénitude à chaque écoute.

In The Nursery
"The Seashell and the Clergyman"

"The Seashell and the Clergyman"
[ITN Corp]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 octobre 2019 | Publié le mercredi 15 janvier 2020
POURQUOI | In The Nursery
ET ALORS | C’est déjà le neuvième volume de l’Optical Music Series d’In The Nursery, cette fameuse discographie dédiée aux bandes originales de films anciens imbriquée à l’intérieur même de la discographie principale du groupe de Sheffield, débutée en 1995 avec "The Cabinet of Doctor Caligari". "The Seashell and the Clergyman" propose une musique inédite au court métrage muet réalisé par la Française Germaine Dulac en 1928, "La Coquille et le Clergyman". Bien moins barrée que la bande son originale, elle apaise plutôt le propos d’un film expérimental et surréaliste, entre rêve et cauchemar. Si la plus angoissante de toutes les créations de Klive et Nigel Humberstone était celle qu'ils avaient imaginée pour "The Fall of the House of Usher", celle-ci serait à considérer comme la plus excentrique, allant jusqu'à tirer des notes à l'aide d'un énorme coquillage. Et c’est aussi la plus courte : avec moins de quarante minutes au compteur, elle va droit au but sans trainer les multiples variations de thèmes habituelles que l'on rencontrait sur les précédents épisodes qu'a réalisé le duo.

Moaan Exis
"Postmodern Therapy"

"Postmodern Therapy"
DATES | Sorti le 25 juin 2019 | Publié le mardi 24 septembre 2019
ET ALORS | Annoncé en mai par l’hallucinante vidéo du titre "Witness" qui ouvre de manière inquiétante "Postmodern Therapy", le second album de Moaan Exis s’impose comme une véritable machine de guerre de techno industrielle et rituelle. C’est d’ailleurs le visage peinturluré de rouge pour l’un et de noir pour le second que Xavier Guionie et Mathieu Caudron délivrent ensemble une musique musclée, truffée de trouvailles sonores astucieuses et de parties rythmiques boostées que les deux Français ont d’ailleurs baptisées "drum battles" lors de leurs lives. Au travers de son imagerie tribale, l’entité Moaan Exis cultive les mystères qu’un tel nom évoque, mais qu’elle sait cependant partager le temps d’un titre avec Caitlin Stokes du groupe Corlyx, digne d’être initiée. La mixité du chant rappelle d’ailleurs KMFDM, eux aussi habitués des albums lancés à cent à l’heure. Reste que "Postmodern Therapy" propose derrière une imagerie unique le son d’un nouveau monde sauvage, mi-humain et mi-animal, où ça hurle dans le micro et ça tambourine sur les fûts pour un résultat électro tribal et bestial.

Metatron Omega
"Evangelikon"

"Evangelikon"
DATES | Sorti le 9 avril 2019 | Publié le mardi 18 juin 2019
ET ALORS | "Evangelikon" est le déjà quatrième album du projet serbe de dark ambient absolue Metatron Omega venu de Belgrade. Les sept longues plages qui le composent nous chuchotent les instructions secrètes à suivre pour descendre lentement au plus profond des entrailles de la croûte terrestre, où les râles d'outre-tombe se mêlent aux mouvements telluriques et mécaniques de quelques rituels sacrificiels anciens. Une cloche carillonne au loin dans la brume, on y devine des chants grégoriens entonnés au coeur de cavernes abandonnées, on visualise mentalement une procession de fidèles encapuchonnés scander des incantations mystiques dans une cathédrale souterraine à la gloire du Dieu païen Kosmokrator, où des mélopées indistinctes et inquiétantes guident leurs pas vers l'eschaton, la fin de toute chose. C'est ténébreux, c'est flippant, c'est magnifique, et on en redemande.

Holon
"Breaking The Simulation"

"Breaking The Simulation"
DATES | Sorti le 28 février 2019 | Publié le lundi 29 avril 2019
ET ALORS | Le cas Holon est plutôt singulier : volontairement outsider sur une scène exigeante, Mark Rydyger compose sans relâche dans son studio, chez lui, et distribue chaque samedi sur son Soundcloud un nouveau titre qui pourrait comporter la mention "plaisir d'offrir". Comme ça, pour rien, pour la beauté du processus ; par défi personnel aussi. Et c'est également sans fanfaronnade ni campagne de communication que le talentueux Canadien au grand coeur diffuse un nouvel album d’électro indus planante de temps à autre sur son site Bandcamp, quand il le décide, tout simplement. Et de la même manière que l'on sait reconnaître le son Skinny Puppy, Front Line Assembly ou Download en cinq secondes chrono, il y a un bien aujourd’hui un son Holon : clair, spatial, pur et minimal, que Mark ne cesse de peaufiner, et que l'on retrouve de bout en bout dans cette nouvelle collection de titres.

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.

Covenant
"Fieldworks Exkursion EP"

"Fieldworks Exkursion EP"
DATES | Sorti le 7 février 2019 | Publié le lundi 25 février 2019
ET ALORS | L’annonce de la sortie d’un nouvel EP de Covenant aurait pu passer inaperçue s’il n’y avait eu ce choix de le distribuer exclusivement lors des concerts du groupe : que pouvait-il bien recéler pour mériter une telle confidentialité ? Puis les révélations concernant son contenu ont fini d’aiguiser notre curiosité : chacun des membres du groupe aurait composé un titre, et Marie de Grabyourface aurait collaboré à l'un d'entre eux. En balayant un spectre d’ambiances qui vont du field recording au spoken words, les Suédois nous offrent un disque imprévisible, surprenant et totalement inattendu qui leur permet de se réinventer, proposant cinq bonnes raisons d'échapper à une formule dans laquelle le groupe s'était lui-même enfermé. Ici, pas de hit. Pas non plus de remixes inutiles, mais le renouveau d’un groupe bien décidé à prendre des risques. Du danger et un renouvellement : forcément, on aime !

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